27

Nora avançait sur Canal Street au milieu de la foule du vendredi soir. Elle regarda sa montre en tournant sur Mott Street. Il était 19 heures et Chinatown grouillait de monde. De vieux journaux couverts d’idéogrammes traînaient dans les caniveaux, les étals des marchands de rue débordaient de poissons exotiques et les vitrines des boutiques regorgeaient de canards laqués et autres calmars pendus à des crochets de boucher. Les acheteurs, chinois pour la plupart, s’apostrophaient dans une bousculade indescriptible sous l’œil curieux des touristes.

La Ten Ren’s Tea and Ginseng Company se trouvait un peu plus loin dans la rue. Nora poussa la porte et se retrouva dans une salle tout en longueur d’une propreté immaculée, vivement éclairée par des néons aux couleurs vives. Une multitude de parfums exotiques flattèrent aussitôt ses narines. L’endroit avait l’air vide à première vue, mais elle finit par apercevoir Pendergast installé à une petite table dans le fond, entre deux vitrines de ginseng et de gingembre. Nora aurait juré que la table était encore inoccupée un instant plus tôt, mais il est vrai que l’inspecteur, avec ses allures de fantôme, lui faisait invariablement cet effet.

— Êtes-vous amateur de thé ? lui demanda-t-il tout en l’invitant à prendre place à sa table.

— Pas vraiment, mais il m’arrive d’en boire.

Son métro était resté bloqué pendant vingt minutes entre deux stations et elle avait eu tout le temps de réfléchir à ce qu’elle allait lui dire.

Elle n’avait pas l’intention de faire de vieux os en compagnie de l’inspecteur, mais Pendergast n’avait pas l’air pressé. Elle attendit pour lui parler qu’il ait fini de lire la carte en chinois dans laquelle il était plongé à son arrivée.

Pendergast se tourna vers la petite dame au sourire alerte qui tenait la boutique et engagea la conversation d’un ton rapide.

— Nin hao, lao bin liang. Li mama hao ma ?

La petite dame secoua la tête.

— Bu, ta hai shi lao yang zi, shen ti bu hao.

— Qing li Dai wo xiang ta wen an. Qing gei wo yi bei Wu Long cha hao ma ?

La petite dame s’éloigna et revint presque aussitôt avec une théière de porcelaine. Elle remplit une minuscule tasse de thé qu’elle posa devant Nora.

— Vous parlez le chinois ? demanda celle-ci à Pendergast.

— Je parle suffisamment le mandarin pour me faire comprendre, mais mes connaissances en cantonais sont infiniment plus développées.

Nora réprima un sourire. Pendergast lui aurait avoué avoir appris le chinois sur Mars qu’elle l’aurait cru.

— Du thé royal de type Osmanthus Oolong, précisa l’inspecteur. L’un des meilleurs thés au monde, récolté sur des plants en espaliers cultivés en plein soleil. La récolte a lieu exclusivement au printemps lorsque les pousses sont encore jeunes.

Nora porta la tasse à ses lèvres. Un mélange délicat de thé vert et de parfums subtils envahit sa bouche.

— Délicieux, dit-elle en reposant sa tasse.

— Je suis ravi que cela vous plaise, répondit Pendergast avec sa courtoisie coutumière.

Il l’observa quelques instants avant de s’adresser à nouveau à la femme en mandarin. Celle-ci s’empressa de remplir un sachet qu’elle pesa et ferma. Puis elle griffonna le prix sur le rabat avant de tendre le petit paquet à Nora.

— C’est pour moi ? demanda la jeune femme.

Pendergast hocha la tête.

— Mais vous n’avez aucune raison de me faire des cadeaux, répondit-elle, agacée.

— Acceptez-le, je vous en prie. C’est excellent pour la digestion. En outre, c’est un antioxydant incomparable.

Nora prit le sachet d’un geste brusque avant de sursauter en voyant le prix.

— Quoi ? Attendez une seconde. Il y en a pour deux cents dollars ?

— Oui, mais vous en avez pour trois ou quatre mois. Un prix bien modeste lorsque l’on considère que...

— Écoutez-moi bien, monsieur Pendergast, l’interrompit Nora en reposant le sachet. Si je suis venue ici ce soir, c’est pour vous annoncer clairement ma décision de ne plus travailler avec vous. Je n’ai pas l’intention de saborder ma carrière au Muséum, et ce n’est pas un sachet de thé qui me fera changer d’avis, même si c’est du thé à deux cents dollars.

Pendergast l’écoutait en silence, la tête légèrement baissée.

— On m’a bien fait comprendre qu’il était hors de question de continuer à collaborer avec vous. J’aime beaucoup mon métier et je n’ai pas envie de le perdre pour le simple plaisir de poursuivre cette enquête en votre compagnie. Je me suis déjà retrouvée à la rue quand le musée Lloyd a fermé ses portes, et je n’ai pas envie que ça recommence. J’ai besoin de ce job.

Pendergast hocha la tête.

— Brisbane et Collopy ont fini par m’accorder la subvention dont j’avais besoin pour mes datations au carbone 14, j’ai une montagne de boulot en retard et je n’ai pas le temps de jouer les Sherlock Holmes.

Pendergast ne disait toujours rien, obligeant la jeune femme à poursuivre.

— Je voudrais surtout savoir pourquoi vous avez autant besoin d’une archéologue alors qu’il n’y a plus rien à fouiller. Vous avez une copie de la lettre de Shottum, et ce ne sont pas les spécialistes de ce genre de choses qui manquent au FBI.

Pendergast s’obstinait à garder le silence et Nora tenta de dissimuler sa contrariété en avalant une gorgée de thé. La tasse fit un bruit sec lorsqu’elle la reposa sur sa soucoupe.

— J’espère que vous m’avez bien comprise, cette fois, ajouta-t-elle d’un ton sans réplique.

Imperturbable, Pendergast en profita pour changer de sujet de conversation.

— Mary Greene habitait tout près d’ici, vous savez. Au 16 Water Street. L’immeuble existe toujours. Venez, nous en avons pour cinq minutes.

Nora le regarda avec des yeux étonnés. En venant là, elle n’avait pas fait le rapprochement avec l’ancien quartier de Mary Greene. Elle voyait encore les lettres tracées d’une écriture malhabile par la malheureuse avec son propre sang. Dans sa dignité toute simple, consciente du sort qui l’attendait, elle avait tenu à laisser derrière elle une trace de son court passage dans ce monde impitoyable.

— Allons, venez, fit Pendergast en lui prenant doucement le bras.

Nora se laissa faire, sans vraiment savoir pourquoi. Pendergast dit quelques mots à la marchande de thé et prit le sachet de Nora avec une courbette avant de se replonger dans la foule ; avec sa compagne. Ils descendirent Mott Street, traversèrent Bayard Street, longèrent Chatham Square, et s’engagèrent enfin dans le dédale des rues étroites qui bordent l’East River. À mesure qu’ils avançaient et que les rues commerçantes laissaient place au ateliers et aux entrepôts, le silence succédait à la rumeur du quartier chinois. Le soleil s’était couché et c’est tout juste si l’on apercevait encore des reflets mauves au-dessus des immeubles. Ils prirent Catherine Street en direction du chantier Meogen-Fairhaven et Nora ne put s’empêcher de jeter un regard curieux en passant. Les travaux étaient bien avancés ; les premières fondations sortaient déjà de terre, des dizaines de tiges d’acier émergeant du béton comme des hérons sans tête. Le souterrain appartenait définitivement au passé.

Quelques minutes plus tard, ils débouchaient sur Water Street, avec ses vieilles usines désaffectées, ses hangars et ses immeubles à moitié en ruine. Les eaux sombres de l’East River coulaient paresseusement un peu plus loin, formant une tache irisée sous la lune. L’ombre inquiétante du pont de Brooklyn se dressait au-dessus de leurs têtes et le pont de Manhattan étendait ses guirlandes de lumière sur l’eau.

Juste avant d’atteindre Market Slip, Pendergast s’arrêta devant un immeuble décrépit. Le bâtiment était toujours habité, comme l’indiquait une tache de lumière jaune s’échappant d’une fenêtre. Une porte métallique, un interphone et une rangée de sonnettes signalaient l’entrée de la maison.

— Voici donc le numéro 16, déclara Pendergast d’une voix morne.

Ils se tinrent l’un à côté de l’autre pendant un long moment, immobiles dans la nuit.

Enfin, Pendergast se décida à rompre le silence :

— Mary Greene était originaire d’une famille extrêmement modeste. Son père a été contraint de s’installer ici lorsque sa petite ferme du nord de l’État a fait faillite. Puis il a exercé le métier de docker. Lorsque Mary avait quinze ans, ses deux parents sont morts, emportés par une épidémie de choléra due à la piètre qualité de l’eau potable. Mary avait un jeune frère de sept ans, Joseph, ainsi qu’une sœur cadette, Constance, âgée de cinq ans.

Nora écoutait en silence.

— Mary Greene a fait ce qu’elle a pu pour élever son frère et sa sœur, proposant ses services comme lingère et couturière, mais cela ne suffisait apparemment pas. Sans travail, sans ressources, les trois enfants se sont retrouvés à la rue et Mary a fini par se résoudre à la seule possibilité qui s’offrait à elle. Pour élever ce frère et cette sœur qu’elle aimait visiblement beaucoup, elle a été contrainte de se prostituer.

— Quel épouvantable destin, murmura Nora.

— Oui, mais le pire était encore à venir. Mary était âgée de seize ans lorsqu’elle fut arrêtée. C’est sans doute à cette époque que ses deux cadets se sont retrouvés sur le trottoir, où ils ont rejoint la cohorte de ceux que l’ont appelait alors des traîne-ruisseau. Par la suite, on ne retrouve plus trace de leur existence dans les archives de la ville. Il est fort probable qu’ils sont morts de faim et de froid. Pour la seule année 1871, on estime à vingt-huit mille le nombre d’enfants abandonnés qui vivaient tant bien que mal dans les rues de New York. Toujours est-il que Mary Greene a été envoyée dans un hospice - ou plutôt une maison de redressement - la Five Points Mission. Il s’agissait ni plus ni moins d’un atelier exploitant la main-d’œuvre adolescente, comme on en connaît tant de nos jours en Asie. C’était toutefois mieux que la prison et Mary Greene a dû penser que le destin s’apitoyait enfin sur son sort.

Pendergast se tut. Au loin, une péniche laissa échapper un mugissement lugubre.

— Que lui est-il arrivé ensuite ? demanda Nora.

— La piste se perd à l’entrée de l’hospice, reprit Pendergast en se tournant vers elle, son visage laiteux formant une tache phosphorescente dans l’obscurité. Enoch Leng - c’est-à-dire le docteur Enoch Leng - avait proposé ses services à la Five Points Mission, tout comme il l’avait fait à la Maison de l’Industrie, un orphelinat situé tout près du Chatham Square actuel. Il y travaillait bénévolement. D’après ce que nous savons, le docteur Leng a vécu au-dessus du Cabinet Shottum tout au long des années 1870. Il est probable qu’il disposait également d’un véritable domicile. Un an avant l’incendie qui a ravagé l’immeuble du Cabinet Shottum, il a proposé ses services à deux autres institutions.

— Mais nous savons déjà, grâce à la lettre de Shottum, que Leng était l’assassin.

— Cela ne fait malheureusement aucun doute.

— Dans ce cas, pourquoi avez-vous encore besoin de moi ?

— Nous ne disposons d’aucune information ou presque concernant Leng. J’ai tenté ma chance à l’Académie d’histoire, à la Bibliothèque municipale de New York, aux Archives municipales. Son nom semble avoir été soigneusement gommé de tous les dossiers susceptibles de nous renseigner, et je soupçonne Leng de l’avoir fait lui-même. L’un des premiers, Leng a apporté son soutien à la cause du Muséum ; c’était également un taxinomiste reconnu, et je reste convaincu qu’il doit rester au Muséum des documents le concernant, ne fût-ce qu’indirectement. Les archives du Muséum sont trop importantes et trop diffuses pour que quiconque ait pu les expurger complètement.

— Pourquoi vous adresser à moi ? Pourquoi ne pas demander au FBI de faire saisir les archives ?

— Tout simplement parce que les archives du Muséum ont la malencontreuse habitude de disparaître dès que l’on s’intéresse à elles de trop près. Et puis, quels documents consulter précisément ? Mais surtout, je vous ai vue à l’œuvre, et les professionnels de votre classe ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval.

Nora secoua la tête et Pendergast reprit de plus belle :

— M. Puck nous a déjà été fort utile, et il peut l’être encore, cela ne fait aucun doute. Mais il y a autre chose. La fille de Tinbury McFadden est toujours en vie. Elle habite une vieille demeure, à Peekskill. Elle est aujourd’hui âgée de quatre-vingt-quinze ans, mais j’ai cru comprendre qu’elle restait très alerte. Elle peut nous apprendre bien des choses au sujet de son père. Il est même possible qu’elle ait connu Leng, et j’ai comme l’intuition qu’elle sera moins réticente à répondre aux questions d’une jeune femme qu’à celles d’un enquêteur du FBI.

— Tout ça ne m’explique toujours pas pourquoi vous vous intéressez tant à cette affaire.

— Mes motivations ne présentent qu’un intérêt limité. En revanche, il est de notre intérêt de mettre au jour les agissements de ce criminel, même s’il est mort depuis longtemps. Personne ne voudrait pardonner ou oublier Hitler. Il faut veiller à préserver la mémoire de notre passé, coûte que coûte, pour la simple raison que le passé est une ébauche du présent. C’est particulièrement vrai dans le cas qui nous concerne.

— Vous faites allusion à ces deux nouveaux meurtres, c’est bien ça ?

Depuis quelques heures, on ne parlait plus que de cela dans toute la ville, chacun y allant de son hypothèse au sujet de celui que la presse avait déjà baptisé le Chirurgien.

Pendergast acquiesça d’un air grave.

— Vous pensez réellement qu’il existe un lien entre ces meurtres et ceux de Catherine Street ? Il y aurait donc quelque part à New York un fou qui s’est mis en tête de reprendre les expériences de Leng après voir lu l’article de Smithback ?

— Je crois en effet qu’il existe un lien entre ces différents événements.

Il faisait nuit noire. Water Street et les quais tout proches étaient déserts. Nora frissonna.

— Écoutez, monsieur Pendergast, je ne demande pas mieux que de vous aider, mais comme je vous l’ai déjà dit, je ne vois pas en quoi je pourrais vous être utile. Si vous voulez mon avis, vous feriez mieux d’enquêter sur les crimes actuels.

— C’est bien ce que je fais, croyez-moi. La clé de tout ce mystère se trouve dans l’affaire Leng.

— Que voulez-vous dire ? s’étonna Nora.

— Ce n’est guère le moment, Nora. Je dispose de trop peu d’informations pour apporter à votre question une réponse pertinente. Il est trop tôt. Je crains même de vous en avoir déjà trop dit.

Nora poussa un long soupir, visiblement dépitée.

— Tant pis ! En tout cas, il est hors de question que je risque à nouveau ma place, surtout si vous ne voulez pas m’en dire davantage. J’espère que vous ne m’en voudrez pas.

— Fort bien. Je respecte votre décision, rétorqua Pendergast après un court silence, appuyant ses propos d’une courbette stylée.

 

Pendergast se fit déposer par son chauffeur à quelques centaines de mètres de chez lui. La Rolls-Royce s’éloigna silencieusement et il poursuivit à pied, la tête perdue dans ses pensées. Quelques minutes plus tard, il s’arrêtait face au Dakota dont la façade néo-gothique s’élevait au coin de Central Park West. Cependant, Pendergast ne pensait pas au luxueux immeuble dans lequel il prenait ses quartiers lors de ses passages à New York, mais au bâtiment délabré du 16 Water Street où Mary Greene avait vécu.

Il était convaincu que la maison elle-même ne lui apprendrait rien, mais il avait besoin de s’imprégner de son atmosphère s’il voulait comprendre comment les choses avaient pu se passer. Car c’était là que Mary Greene avait grandi, au sein d’une famille de petits fermiers chassés de leurs terres par l’exode rural et l’essor soudain de l’Amérique industrielle au lendemain de la guerre de Sécession. La jeune fille avait dû connaître une enfance difficile, mais pas nécessairement malheureuse. Les dockers n’étaient pas riches, mais ils gagnaient leur vie. La petite Mary avait joué à la marelle sur ces pavés, les murs de briques avoisinants avaient résonné de ses cris d’enfant. Et puis le choléra était venu bouleverser son existence en emportant ses parents. Le cas de Mary Greene était loin d’être isolé, malheureusement. Comme elle, trente-cinq personnes avaient fini leurs jours entre les murs sombres d’une cave à charbon, toutes victimes d’un destin implacable.

Pendergast sentit brusquement une présence derrière lui et se retourna. Un vieil homme tout en noir coiffé d’un chapeau melon, une petite valise Gladstone à la main, avançait péniblement le long du trottoir, penché en avant. Il semblait sortir tout droit des pensées sombres de Pendergast. La canne sur laquelle il s’appuyait martelait d’un bruit sec sa marche lente.

L’inspecteur l’observa quelques instants d’un air curieux avant de s’éloigner en direction du Dakota. S’il comptait sur l’air frais pour s’éclaircir les idées, le visage et le rire obsédants de Mary Greene l’en empêchaient.

[Aloysius Pendergast 03] La chambre des curiosités
titlepage.xhtml
03-La chambre des curiosites_split_000.htm
03-La chambre des curiosites_split_001.htm
03-La chambre des curiosites_split_002.htm
03-La chambre des curiosites_split_003.htm
03-La chambre des curiosites_split_004.htm
03-La chambre des curiosites_split_005.htm
03-La chambre des curiosites_split_006.htm
03-La chambre des curiosites_split_007.htm
03-La chambre des curiosites_split_008.htm
03-La chambre des curiosites_split_009.htm
03-La chambre des curiosites_split_010.htm
03-La chambre des curiosites_split_011.htm
03-La chambre des curiosites_split_012.htm
03-La chambre des curiosites_split_013.htm
03-La chambre des curiosites_split_014.htm
03-La chambre des curiosites_split_015.htm
03-La chambre des curiosites_split_016.htm
03-La chambre des curiosites_split_017.htm
03-La chambre des curiosites_split_018.htm
03-La chambre des curiosites_split_019.htm
03-La chambre des curiosites_split_020.htm
03-La chambre des curiosites_split_021.htm
03-La chambre des curiosites_split_022.htm
03-La chambre des curiosites_split_023.htm
03-La chambre des curiosites_split_024.htm
03-La chambre des curiosites_split_025.htm
03-La chambre des curiosites_split_026.htm
03-La chambre des curiosites_split_027.htm
03-La chambre des curiosites_split_028.htm
03-La chambre des curiosites_split_029.htm
03-La chambre des curiosites_split_030.htm
03-La chambre des curiosites_split_031.htm
03-La chambre des curiosites_split_032.htm
03-La chambre des curiosites_split_033.htm
03-La chambre des curiosites_split_034.htm
03-La chambre des curiosites_split_035.htm
03-La chambre des curiosites_split_036.htm
03-La chambre des curiosites_split_037.htm
03-La chambre des curiosites_split_038.htm
03-La chambre des curiosites_split_039.htm
03-La chambre des curiosites_split_040.htm
03-La chambre des curiosites_split_041.htm
03-La chambre des curiosites_split_042.htm
03-La chambre des curiosites_split_043.htm
03-La chambre des curiosites_split_044.htm
03-La chambre des curiosites_split_045.htm
03-La chambre des curiosites_split_046.htm
03-La chambre des curiosites_split_047.htm
03-La chambre des curiosites_split_048.htm
03-La chambre des curiosites_split_049.htm
03-La chambre des curiosites_split_050.htm
03-La chambre des curiosites_split_051.htm
03-La chambre des curiosites_split_052.htm
03-La chambre des curiosites_split_053.htm
03-La chambre des curiosites_split_054.htm
03-La chambre des curiosites_split_055.htm
03-La chambre des curiosites_split_056.htm
03-La chambre des curiosites_split_057.htm
03-La chambre des curiosites_split_058.htm
03-La chambre des curiosites_split_059.htm
03-La chambre des curiosites_split_060.htm
03-La chambre des curiosites_split_061.htm
03-La chambre des curiosites_split_062.htm
03-La chambre des curiosites_split_063.htm
03-La chambre des curiosites_split_064.htm
03-La chambre des curiosites_split_065.htm
03-La chambre des curiosites_split_066.htm
03-La chambre des curiosites_split_067.htm
03-La chambre des curiosites_split_068.htm
03-La chambre des curiosites_split_069.htm
03-La chambre des curiosites_split_070.htm
03-La chambre des curiosites_split_071.htm
03-La chambre des curiosites_split_072.htm
03-La chambre des curiosites_split_073.htm
03-La chambre des curiosites_split_074.htm
03-La chambre des curiosites_split_075.htm
03-La chambre des curiosites_split_076.htm
03-La chambre des curiosites_split_077.htm
03-La chambre des curiosites_split_078.htm
03-La chambre des curiosites_split_079.htm
03-La chambre des curiosites_split_080.htm
03-La chambre des curiosites_split_081.htm
03-La chambre des curiosites_split_082.htm
03-La chambre des curiosites_split_083.htm
03-La chambre des curiosites_split_084.htm
03-La chambre des curiosites_split_085.htm
03-La chambre des curiosites_split_086.htm
03-La chambre des curiosites_split_087.htm
03-La chambre des curiosites_split_088.htm
03-La chambre des curiosites_split_089.htm
03-La chambre des curiosites_split_090.htm
03-La chambre des curiosites_split_091.htm
03-La chambre des curiosites_split_092.htm
03-La chambre des curiosites_split_093.htm
03-La chambre des curiosites_split_094.htm
03-La chambre des curiosites_split_095.htm
03-La chambre des curiosites_split_096.htm
03-La chambre des curiosites_split_097.htm
03-La chambre des curiosites_split_098.htm
03-La chambre des curiosites_split_099.htm